Saisis cet instant qui s'envole loin de ce sol.
Quelques vêtements colorent la pièce.
J'ouvre la porte, et délicatement, pose mon pied sur le carrelage blanc et froid de l'eau qui est restée là. Ma peau frissonne. L'eau tombe. Tiède. Douce. Plaisir de l'instant.
L'eau ruisselle dans les creux de mon visage, de mes épaules, de mon ventre, de mes jambes; telles mes pensée jamais elle ne s'immobilisera, toujours dansant sur ma peau, caresse folle qui tournoie et fait des gouttes sur les parois de la douche. Cette eau que je laisse couler sur moi jamais ne peut faire disparaître les tâches qui assombrissent mon âme. Elle est seulement une enveloppe qui console et réconfortent mes tourments; elle ne les emportent pas dans sa course folle mais les rassure seulement d'un doux contact.
Une mousse blanche naît de la danse des dix doigts de mes mains sur mon ventre, comme l'eau elle coule le long de mon corps, dentelle de bulles scintillantes fleurissant à chaque mouvement frénétique de la main. Danse des mains et mousse purificatrice: la douche est une cérémonie sacrée, un appel aux dieux de l'eau savonneuse pour laver le corps de ses péchés.
Autour de moi, la vapeur d'eau rend l'air cotonneux, presque palpable. Désormais l'eau est brûlante, faisant rougir l'épiderme. C'est le temps de l'eau qui devient feu, de l'air tiède qui devient chaleur. Ce nuage de vapeur enveloppe mon corps comme un voile pudique, et rends ses contours mystérieux. Mes doigts, mes bras, mes jambes sont rouges.
